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Le pouvoir de la persévérance Le cheminement de Tanyaradzwa vers l’éducation a été façonné par de nombreuses leçons qui ont changé sa vie.
Texte : Patricia Mabviko Photos : Joshua Kumunda
A près avoir terminé l’école primaire, Tanyaradzwa était impatiente de poursuivre ses études. Elle et sa mère venaient de déménager chez ses grands-parents près de la ville aurifère rurale de Kwekwe, dans la province des Midlands du Zimbabwe. C’était un nouveau début pour les deux depuis le divorce des parents de Tanyaradzwa. À Kwekwe, ses grands-parents étaient excités aussi. Ils l’ont inscrite à l’école secondaire Sidakeni, la plus proche, à sept kilomètres. Son grand-père, qui travaillait pour une petite exploitation minière, payait ses frais de scolarité. La marche de 14 kilomètres aller-retour était difficile; entre ses études et ses tâches, elle était épuisée. « Quand les filles se réveillent le matin, il faut balayer la cour, faire un feu, aller chercher de l’eau et préparer de la nourriture », dit Tanyaradzwa. « Toutes ces choses doivent être faites avant que nous partions pour l’école afin que la maison soit en ordre. » En raison de la distance qu’elle duvait parcourir à pied, elle commençait à
arriver en retard à l’école et ne pouvait pas toujours se concentrer. De plus, elle était découragée lorsque les villageois qu’elle rencontrait en chemin se moquaient d’elle en disant : « Votre éducation ne donnera rien dans votre village. » Puis il y avait les orpailleurs qui attendaient régulièrement les filles le long de la route pour leur faire des avances. « Ce qui m’a sauvée, c’est l’encouragement que j’ai reçu de ma grand-mère et les conseils des enseignants », dit-elle. « Ils nous ont dit qu’il est possible de s’abstenir et que si vous voulez vous impliquer avec quelqu’un, vous devez d’abord passer un test de dépistage du VIH. Si je n’avais pas eu accès à de l’information sur la sexualité, je ne pense pas que je serais là où je suis aujourd’hui. J’aurais probablement cédé à la pression des pairs. Ces leçons m’ont aidée à prendre les bonnes décisions concernant ma vie. » Les choses allaient bien jusqu’à ce que son grand-père perde son emploi et qu’elle ne puisse plus payer les frais de scolarité. Lorsque l’école de Tanyaradzwa a pris conscience de
sa situation, elle l’a mise en relation avec Plan International, qui a veillé à payer ses frais de scolarité et l’aider pour qu’elle déménage dans le pensionnat près de l’école. Tanyaradzwa a pu se concentrer sur son travail scolaire. Aujourd’hui, elle fréquente l’Université du Zimbabwe et étudie pour devenir comptable. « Mon rêve est de construire une meilleure maison pour ma grand-mère,», dit-elle. « Je sais que le jour où je ferai cela, mon grand-père, qui est maintenant décédé, me sourira du ciel. » En 2022, nous avons commencé à travailler avec des journalistes locaux dans les pays où nous exerçons nos activités. L’histoire de Tanyaradzwa, l’essai photo sur les pères et les filles ont été créés par le vidéaste Kingston Musanhu, le photographe Joshua Kumunda et l’écrivaine Patricia Mabviko. « Nous comprenons les dimensions culturelles, sociales et politiques », explique Musanhu. « Une perspective locale donne une voix puissante. » UNE PERSPECTIVE LOCALE
Rapport Annuel 2022 | DIGEST
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